vendredi 20 février 2009

"FAUSSE COURSE" présenté par...

Gilles de "Tom Librairie" à Perros-Guirec (Côtes d'Armor - France)

Lointain (en moins psychopathe !) cousin du Travis Bickle de Martin Scorsese (le "TAXI DRIVER" incarné à l'écran par l'inoubliable Robert de Niro), Gabriel sillonne les rues d'une ville du Borinage, région wallonne aussi abîmée que lui. A la faveur de ses courses, il rencontre une véritable galerie de personnages divers et peu communs, et dresse un portrait pointilliste d'une société désabusée ayant perdu tout espoir de rédemption.
Avec une écriture sèche et concise, quasi anglo-saxonne, l'auteur nous emmène à la suite de son personnage principal pour nous faire vivre ses amours, ses rencontres, et nous faire partager ses états d'âme. Première oeuvre de Pascal Houdart, ce roman sensible, parsemé de belles fulgurances ("J'ai la mémoire trop courte pour me souvenir de mes rêves d'enfant."...), est d'une lecture agréable. Malgré quelques défauts mineurs, inhérents à tout premier livre, l'auteur gagne son pari et entraîne ses lecteurs dans un beau voyage, confortablement installés sur la banquette arrière de son taxi wallon.Un jeune auteur et un premier livre à découvrir.
TOM LIBRAIRIE, 22300 Perros-Guirec.

Monsieur Alain Jouret, professeur à Mons (Hainaut - Belgique)

Coup d’œil sur la région de Mons et du Borinage. Un pays toujours « noir » ?
Pascal Houdart, Fausse course. Roman, Paris, Société des Écrivains, 2008, 218 p. (19 €).

Tiraillé entre le Borinage, qu’il apprécie de moins en moins, mais où il entretient des attaches sentimentales, et la Bretagne, où il se réfugie de temps en temps, le protagoniste, un peintre en mal d’inspiration, végète. Il trouve un travail de « taximan ». Cette occupation lui permet non seulement d’observer la population, mais également de procéder à un insolite travail d’introspection.
Ce roman constitue une analyse sociologique implicite et (heureusement ?) subjective, reflet de l’état émotionnel du personnage mis en scène.
« Né dans le Borinage, survivant dans le Borinage. […] Le chômage va croissant, l’instruction va décroissant. […] C’est la zone » (p. 64).
L’auteur évoque une population à la dérive, sans repères, vivant au jour le jour, une jeunesse désaxée, la prostitution, la drogue, la misère matérielle et psychologique, à Mons et dans le Borinage. Son regard s’avère naturaliste. Les pages 79 et 173 risquent de choquer certains.
À bord de sa voiture, Gabriel des « Taxis Tours » traverse Havré, Jemappes, Wasmes, Pâturages. Le voilà à Maubeuge, Paris, Soignies, La Louvière, le Rœulx, Morlanwelz, Profondeville et Büllingen, où le conducteur conduit une jeune fille de 13 ans, encadrée par deux gendarmes ; accusée de tentative de meurtre, elle va être placée dans un « centre aéré ». Le voici à Quaregnon, Cuesmes, Frameries, Warquignies, Saint-Ghislain, Boussu ou Dour. L’auteur nous fait découvrir, parfois rue par rue (p. 134, 135, 164, 167), toute la région. Il évoque quelques particularités remarquables. La façade de la gendarmerie de Pâturages « truffée d’impacts de projectiles de divers calibres, témoignage du mécontentement d’une des familles les plus “en marge” de la région à la suite de l’arrestation d’un de leurs fistons […] », par exemple (p. 104). Il sillonne Mons (avenue de Gaulle, boulevard Dolez, rues de la Tannerie, Valenciennoise, de la Halle, de la Chaussée, de Nimy, Neuve, etc.). Il fréquente le Ducal, passe Chez Henri… et multiplie les rencontres.
Visiblement inspiré par le roman de Charles Plisnier (Faux Passeports), Pascal Houdart a choisi comme titre une expression qui, dans le milieu des chauffeurs de taxi, désigne un voyage impayé (p. 56 et 206). En lui faisant voir d’un autre œil les coins et les gens qu’il connaît ou… croit connaître, il « interpelle » le lecteur et mérite d’être découvert.

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